Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/162

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dormi, mais ce matin il est pris du côté gauche comme il l’était du côté droit, la langue embarrassée,, dans un état nerveux, agité, avec mal au cœur et marchant difficilement, en se soutenant aux meubles. Il attend le médecin de la Compagnie, le seul qu’il veuille voir. Je te dirai ce qui lui aura été ordonné, mais je ne saurai l’opinion du médecin que demain par Woldemar, ou ce soir à dîner. Je crains que son opinion ne soit la mienne et celle de tes frères ; c’est, je crois, une nouvelle attaque qui en annonce d’autres; la paralysie complète me semble inévitable avec le temps ; ce sera terrible et le chagrin abrégera certainement ses jours.

1 heure — Ton père va mieux ; le médecin lui a dit que ce n’était pas une attaque, mais la suite de la digitale trop prolongée qui avait ralenti la circulation. Il lui a ordonné quatre sangsues pour ce soir et une promenade au bois de Boulogne ; je vais l’accompagner pour l’aider à marcher.

Adieu, chère Minette, je t’écrirai demain et tant qu’il y aura quelque chose à t’apprendre. Le nouveau domestique a l’air bien et travailleur; ce n’est pas un grand seigneur comme ce Frédéric ; il est laid, mais c’est tant mieux; Désiré est bien plus beau[1].

  1. C’était mon domestique, qui était affreux.