Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/18

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elle n’a pas eu de lettre de toi ; mais elle comprend très bien que tu as pu être empêché par tes courses, tes affaires ou l’arrivée de Victor. Je t’embrasse, mon très cher enfant, avec toute la tendresse que j’ai pour toi et avec tout le regret de ton absence.

Nous avons joué au billard hier comme des ânes ; Olga a fini par me battre deux fois ; mais après quel labeur, quel nombre de manques de touche, de coups ridicules ! C’était honteux.



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AU VICOMTE ÉMILE DE PITRAY


Les Nouettes, 5 octobre 1856.


Tu es désespéré, mon pauvre ami ; tu ne trouves pas de logement ; tu ne sais ce que tu vas devenir. Mais voici la Mère La Ressource, me voici qui viens à ton secours. De même qu’hier, un petit exorde pour t’exhorter à la patience, pour te demander de lire jusqu’au bout, de ne pas m’envoyer au d…, moi et mes inventions. Avant de te les exposer, je vais énumérer les inconvéniens de se trouver sans logement, les inconvéniens de n’avoir pour ressource qu’un sale et incommode et ruineux hôtel garni, enfin les inconvéniens d’accoucher dans la rue. Ensuite je te prierai de méditer sur cette phrase si connue : « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ? »

Quand Olga sera à la fin de sa grossesse, et surtout quand elle sera en couches, j’éprouverai le