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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 4 mai 1862.


Chère petite, j’ai reçu hier ta lettre qui me rassure… pour les agrémens de ton existence à Livet. Je sais que tu as une raison supérieure et un caractère bien heureux qui te fait envisager le beau côté des positions et qui en masque les inconvéniens ; et je prie Dieu de te continuer cette heureuse disposition et de la fortifier par une volonté courageuse… Ton père est très souffrant et ennuyé depuis deux jours d’une inflammation des veines à la jambe gauche ; on lui fait mettre des cataplasmes et on lui ordonne de bouger le moins possible. Le médecin (de la gare) dit qu’il n’y a aucune gravité, mais que ton père en a pour une huitaine de jours à ne pas marcher. Quand il ne remue pas, il ne souffre pas, mais dès qu’il marche, il a comme une crampe dans toute la jambe ; les veines sont fort engorgées et la jambe est dure et tendue. Je suis fort contrariée de le laisser seul avant son entier rétablissement, mais il n’y a pas moyen de différer le départ de Nathalie, à terme le 20, ni de la laisser aller seule accoucher là-bas, ni de la faire accoucher chez moi à Paris. Ton oncle Adolphe va à Méry le 20, ton père ira le rejoindre le lendemain… J’ai vu ce matin, devine qui? un homme arrivé de la veille au soir, que Woldemar a été recevoir à la gare du Nord; un homme de quarante-huit ans, que je ne m’attendais certes pas à voir, et qui ne vient à