Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/208

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plus, ou autant, par ton silence. Je suis arrivée hier à Méry par une pluie battante; je n’avais pas écrit l’heure à laquelle j’arriverais, de sorte qu’il a fallu faire à pied, en passant par la grande grille du village, le chemin de la gare au château ; nous avons été traversés, Marie (femme de chambre) et moi; M. et Mme Reiset nous précédaient de quelques pas, mais nous étions si occupés de la boue, des parapluies, de nos robes, de nos sacs pesant quarante livres, que nous ne nous sommes reconnus que dans le château… Je repars demain à une heure, pour descendre chez le dentiste à trois heures. Je me fais faire des dents qui me coûteront 160 fr. Ce n’est pas cher; grande consolation pour l’ennui qu’elles me donnent. Les enfans sont très gentils et jolis. On m’a beaucoup parlé de toi comme tu penses bien, et ton oncle, comme Edgar et Marie, m’ont chargé de bien des tendresses pour vous tous. J’espère, ma pauvre enfant, que ton courage se soutient toujours et que tu le maintiens par les moyens que tu connais et pratiques si bien…



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Bruxelles[1], 16 octobre 1863.

Chère petite, je t’ai écrit de Paris pourquoi je changeais mon itinéraire ; Paul et Nathalie doivent

  1. Ma mère avait été voir ma sœur de Malaret dont le mari, ministre plénipotentiaire à Bruxelles venait d’être nommé à Turin.