Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/232

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sans connaissance ; mais à cinq heures de l’après-midi, il a repris connaissance et l’Impératrice lui a vite envoyé un prêtre ; on dit qu’il s’est confessé à ce prêtre. Mgr Darboy l’a administré dans la soirée ; le lendemain, à huit heures du matin, le malheureux homme est mort. Deux jours avant, il avait pleuré toute la journée, parce qu’il se sentait mourir ; son ami ***…, présent, l’encourageait à la manière des Cavour, Pinelli, Ratazzi, Garibaldi, Mazzini, etc. La veuve doit être affligée, mais on dit que la sensibilité ne l’étouffe pas ; elle a vingt-six ans, 14 millions dont elle est tutrice, et une belle parenté. Elle a quelque religion, car l’année dernière elle a fait appeler un prêtre catholique, de son propre mouvement, pour faire baptiser un de ses enfans (de deux ou trois ans) qui ne l’avait pas encore été. Pauvre enfant !… Adieu, chère petite ; je te quitte pour Jean qui rit et Jean qui pleure ; je n’en ai que quarante pages d’écrites… Il paraît que notre église avance[1].



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 15 mars 1865.


Chère petite, un mot, car il est fort tard ; j’ai été dérangée de mes écritures. Je m’inquiète de ne pas avoir de tes nouvelles depuis plusieurs jours ; j’ai toujours peur de quelque maladie de toi ou des

  1. L’église d’Aube, complètement restaurée par la piété de mon frère Gaston.