Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/243

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tout d’un somme jusqu’à la cloche ; il mange comme un ogre, il travaille très bien; il n’a été puni qu’une fois; on l’a fait travailler seul sur une banquette pendant une demi-heure ainsi que son antagoniste. Voici pourquoi. « J’avais fait un devoir très bien. Celui qui était près de moi me dit : Donne-moi ton devoir, que je corrige le mien. – on, je ne veux pas ; le tien est très mal, et le mien est très bien. – Je l’aurai tout de même, car je vais le prendre de force. – Je te dis que tu ne l’auras pas. Le voisin veut le saisir, Jacques met vite son devoir dans le pupitre ; l’autre veut ouvrir de force ; Jacques ferme à clef et retire la clef ; l’autre pousse, Jacques repousse ; ils font du bruit ; le Père regarde et leur dit de passer sur le banc solitaire.

Jacques dit que c’est l’autre qui a voulu copier de force son devoir. Le Père dit : « Mon petit Jacques, vous avez parlé en étude ; il faut vous soumettre à la règle. » Jacques pleure ; cinq minutes après le Père lui a fait reprendre sa place ; c’est le seul chagrin qu’il ait eu. – Il a demandé des nouvelles de tout le monde et il m’a chargé de vous embrasser tous, y compris sa bonne. – Après une demi-heure, je l’ai laissé avec Pierre, Henri et l’abbé Cousin, auxquels il a demandé de rester encore dix minutes. De là, je suis allé chez Jeanne, très contente de me voir. Elle a bonne mine, est contente de tout, joue très gaiement avec les petites filles, dit que le temps passe très vite, qu’elle ne s’ennuie jamais…. Elle a beaucoup gagné, et fait de petites révérences très gentilles en entrant et en sortant….

Adieu, mes chers enfants ; je cours vite chez Sabine