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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 25 février 1868.



Chère petite, un mot de nouvelles de Jacques que j’ai vu hier et aujourd’hui. Il est frais comme je ne l’ai jamais vu, et gai et causant.

Hier on a tiré la loterie, et les enfans avaient permission de manger tout ce qu’ils voulaient ; j’ai apporté des provisions pour se soutenir pendant le tirage : il a mangé quatre oranges, et une foule de bonbons et gâteaux; tous les enfans mangeaient à qui mieux mieux ; j’étais très près de lui ; il a gagné trois lots : une bonbonnière, un parapluie plein de bonbons, et une autre chose de ce genre; moi j’ai gagné un pot à tabac que je lui laisse, mais dont il ne pourra rien faire. La séance a été entremêlée de musique très bonne, de chansonnettes très bien chantées et mimées. Je suis partie vers trois heures ; ils n’ont terminé le tirage qu’à cinq heures et demie et tous les beaux lots n’ont pas été tirés. Je ne sais pas ce que les bons Pères en feront ; probablement qu’ils resserviront d’appât l’année prochaine.

Il y a eu aussi des réjouissances pour le mardi-gras ; ce matin, de neuf heures à midi, une grande promenade pour voir défiler tout le cortège des quatre bœufs gras ; il y avait une douzaine de chars avec escortes de toutes les nations du monde civilisé et sauvage ; les quatre bœufs avaient chacun pour escorte à pied, à cheval et en char, une