Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/259

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temps que son intelligence. Les gouverneurs et gouvernantes ont parfois la manie du travail exagéré; ce qui n’est jamais le fait d’une femme et ce qui lui fait négliger des choses essentielles, comme le travail à l’aiguille, l’ordre dans les tiroirs et effets, etc. Ce n’est pas une grande et inutile instruction de langues diverses, de hautes études, qui fait le mérite d’une femme dans l’habitude de la vie et dans son ménage, mais les mille petits travaux féminins, plus utiles cent fois que le latin, le grec et les je ne sais quoi, qui ne servent à rien qu’à exalter l’amour-propre et à faire perdre le temps. – Je suis bien aise de penser qu’à partir de demain tu commenceras enfin une vie tranquille et reposante. Adieu, ma chère bonne fille.



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 16 juillet 1868.


Chère petite, j’espère que vous allez tous bien à présent, malgré la grande chaleur et la persistance de la sécheresse. Tous les jours nous croyons voir venir un, deux, trois gros orages ; les nuages noirs affreux passent sur nous, les coups de tonnerre se succèdent au point de briser les arbres et d’avoir tué deux femmes dans les champs à côté de la ferme ; mais tout cela se passe sans eau ; une seule fois, nous avons eu une bonne averse pendant une demi-heure ; aussi la terre est comme de la cendre, et on se dispute l’eau des fontaines.