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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 23 septembre 1870.


Chère enfant, je ne comprends pas le motif de votre silence à tous ; dans les circonstances actuelles, j’aurais plus besoin que jamais de savoir de vos nouvelles souvent[1], et voilà près de quinze jours que je n’en ai eu ; pas même de réponses à mes lettres pour la première communion de Jeanne[2]. Serait-ce encore un malheur que tu veux me dissimuler le plus longtemps possible? Ce qui augmente mon inquiétude, c’est le silence absolu que gardent les lettres des Nouettes; pas un mot de Livet, comme si vous étiez à cent lieues de chez eux. Je te demande instamment, soit à toi, soit à Émile ou à Jacques, ou tout au moins à Mlle B…, de me dire ce qu’il y a, et si vous restez tous dans le pays ou si vous allez dans le Midi. – Ici, nous n’allons pas mal ; j’ai beaucoup d’étourdissemens tous ces temps-ci ; c’est tout naturel, avec les événemens déplorables et les inquiétudes de tout genre qui se succèdent et s’accumulent. – Adieu, chère enfant, que le bon Dieu te bénisse, toi et tous les tiens !

  1. La poste était alors absolument désorganisée.
  2. Je n’avais pas reçu ces lettres.