Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/280

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mise ;

tu es la seule qui ait eu l’idée de venir activement à son secours… Je reçois une lettre de Jeanne qui m’apprend que Jacques est parti pour Poitiers. J’espère que quelqu’un l’a accompagné ; je regrette de ne pas avoir écrit à Poitiers directement ; il aurait du moins eu un souvenir de moi ; mais je ne pensais pas que tu oublierais de me prévenir du jour du départ et de la manière dont tu l’enverrais si tu n’y allais pas toi-même. Je vais lui écrire directement. Adieu, ma chère petite.



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 25 novembre 1870.


Chère petite, quelques mots seulement pour te demander si tu as des nouvelles de chez nous… les Prussiens approchent, ces maudits… Mon pauvre Jacques m’a écrit de son nouveau collège qu’il trouve très beau. C’est un vrai bonheur qu’il soit arrivé à bon port, sans mauvaise rencontre et sans accident. Ne connaissant personne à ce collège, il aurait pu être bien embarrassé d’arriver tout seul comme un pauvre abandonné. En fait d’anciens camarades, il n’a trouvé que Maurice de B… ; du reste pas un de ses amis de Vaugirard. Il espère avoir de bonnes places, des sorties de faveur, mais à quoi lui serviront les sorties puisqu’il n’a personne pour le faire sortir ? Enfin à la grâce de Dieu ! le pauvre garçon sera j’espère heureux au collège de Poitiers comme il l’a été à celui de Vaugirard.