Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/293

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la France pour la déshonorer et la perdre ? Quoi qu’il en soit, la chose est faite et impossible à défaire à cause de la livraison des forts, des 10 000 canons et des 500 000 chassepots, sans compter les mitrailleuses, l’artillerie de campagne, etc… .

Nous allons bien. Si tu reviens à Livet, je pense que tu passeras une journée à Poitiers pour voir Jacquot. Le pauvre enfant va être bien seul à Poitiers, mais il ne sera pas très loin de Livet pour les vacances de Pâques ; par le Mans et Alençon ce n’est pas plus loin que de Paris. – Il fait doux aujourd’hui (5 degrés), mais vilain et sombre. Adieu, chère petite.



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 4 février 1871.


Chère enfant, j’espère que tu es partie, mais je risque un dernier mot… pour t’engager à partir pendant que la route est frayée. J’espère que tu donneras un jour au pauvre Jacques ; vois s’il n’a pas besoin de chaussures, ou de vêtemens, ou de linge, ou d’argent. Je crois qu’Armand[1] va être nommé député… Dieu préserve Émile de ce triste honneur qui, trop souvent, tourne en déshonneur et en malheur, quelque pureté d’intention qu’on y apporte ! L’ambition et la vanité ou l’orgueil sont

  1. M. Fresnean. mon beau-frère.