Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/37

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très chère Minette. Je t’embrasse mille et mille fois. Je t’écrirai après-demain. J’embrasse Émile s’il t’est revenu et je te charge de mes amitiés pour toute ton aimable famille. Adieu, petite chérie, ne te fatigue pas. Si tu as des symptômes de besoin de te saigner, fais-toi saigner, mais ne le fais pas inutilement.



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Londres, 15 novembre 1856.


Chère Minette, un mot seulement pour te dire que Nathalie n’est pas accouchée, malgré le renouvellement avec aggravation de ses douleurs quotidiennes : chaque soir elle souffre davantage, et la nuit le calme revient, à notre grande désolation à tous, y compris la patiente. L’accoucheur est une bête qui ne dit rien, qui va se coucher, qui ne songe qu’à ne pas être retenu ; la garde est une lourde Anglaise qui ne parle que de thé, de lunch, de mangeaille et qui se couche quand même pour dormir ses dix heures ; ces gardes anglaises sont cent fois pires que nos ennuyeuses gardes françaises. Demain, dimanche, pas de poste dans la sainte Angleterre ; ainsi tu n’auras pas de nouvelles avant mercredi. Je ne cesse de me réjouir de ton appartement et du plaisir que vous aurez tous deux à vous meubler, à vous arranger. Sabine m’écrit qu’il est ravissant, plus joli même que celui d’Adèle et d’un étage au-dessous. Vive Émile et son bon nez d’avoir