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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 1857.



Il va sans dire, chère Minette, que nous avons fait bon et chaud voyage, que nous sommes arrivés à bon port et sans retard; laissant nos bagages à Méthol et à Louise, nous nous sommes dirigés vers Henriette[1] , que nous avons trouvée bien quoique mal; bien pour les gens faciles qui se contentent de l’apparence, mal pour les esprits sérieux qui en toute chose considèrent la fin; elle a donc très bonne mine, bon appétit, bon sommeil, etc., mais elle ne peut ni marcher ni s’asseoir sans mal aux reins, etc., elle ne peut lire sans mal de tête. Sa petite Henriette est jolie et très forte, mais pâle; je ne sais à qui elle ressemble. Lilise[2] est embellie. Sabinette[3] est grandie, pâlie…. Lilise a des notes et des mots charmants et admirables de cœur et d’esprit; si je me les rappelle encore à mon retour, je te les raconterai…

Ma lettre (que j’écris chez Henriette avec une horrible plume d’oie) vient d’être interrompue par la visite de Tatiana Narishkine[4] et d’Anatole[5], arrivés à Paris depuis trois jours. Anatole ne ressemble pas plus à Théodore que s’ils étaient natifs des

  1. Ma sœur.
  2. Elisabeth, l’aînée.
  3. Sabine, la seconde, morte toute jeune.
  4. Femme de Théodore Narishkine, lequel était fils de la sœur aînée de ma mère; elle est morte jeune.
  5. Narishkine, frère de Théodore.