Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/65

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francs pour ce second voyage, inutile à un certain point de vue, j’en profite pour en regagner trois cents et peut-être plus, en évitant le mariage X…. J’aurais dû acheter un chapeau, un mantelet ou shall pour la cérémonie, n’ayant rien de présentable en ce genre ; s’il y a la moindre soirée ou réunion, il m’eût fallu un bonnet habillé, un couvre-épaules quelconque et probablement une robe: tu vois ce que m’aurait coûté ce mariage, qui me satisfait d’autant plus qu’il se fait sans moi[1]. Voilà pourquoi je prolonge mon séjour au delà du temps rigoureusement nécessaire. Depuis que je suis ici, il fait un temps affreux; on a peine à faire une promenade entre deux ondées; entre la pluie, il fait froid; nous aurons certainement plus chaud en Normandie. Madeleine a encore été reprise hier de la fièvre ; il a fallu lui brûler la gorge ce matin pour détruire les peaux blanches qui recommençaient à s’y former; elle est d’une docilité et d’un courage étonnants pour son âge. M. Cazenave dit pourtant qu’en surveillant l’état de la gorge, il n’y a pas de danger. Nathalie est fort détraquée; elle ne dort pas, elle est triste et inquiète; je suis fort contente de me trouver près d’elle actuellement.

Paul est malade de son côté et depuis deux jours ne quittait pas son lit; il n’écrit à Nathalie que des mots, car c’est de la tête qu’il est pris; il ne leur manquait plus que cette inquiétude de la maladie de Paul. Adieu, ma chère Minette… Je serai au 91 jeudi à huit heures et demie du soir; le

  1. Ma mère donnant tout aux autres ne dépensait rien pour elle.