Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/84

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J’embrasse Émile et les gros amours. Jacquot est un amour. J’écris qu’on t’envoie la lettre de ta tante[1] quand on l’aura lue à Paris.



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Les Nouettes, 25 septembre 1859.


Chère petite, j’envoie à Émile un plan que m’a apporté pour lui un des héFitiers-gendres de Livet. C’était un grand beau monsieur, barbe noire, très bien mis, très bonnes manières.— Je fais des vœux pour que tu aies Livet, pour que l’architecte puisse vous arranger la maison à peu de frais et lui donner un aspect honorable et engageant…

Camille va bien ; elle est sortie aujourd’hui pour la première fois en voiture à âne; j’avais peur de la scarlatine, mais le bon Dieu nous a épargné cette épreuve ; Nathalie eût été obligée d’emmener Madeleine et Louis ; Edgard aurait dû se sauver avec les siens, et le séquestre aurait duré pour le moins six semaines. — Je gémis de ne pas te voir pendant si longtemps, d’autant qu’il me faudra encore te quitter un mois ou six semaines pour les couches d’Henriette.

Mme de B…[2] ne pèse pas une once ; elle se délecte dans le récit des scènes orageuses du futurat, de la rupture fréquente du mariage et de l’entente cordiale

  1. Narishkine.
  2. Une de nos cousines fort originale qui mariait sa charmante fille à un Russe très riche.