Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/114

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Jules.

Est-ce que je ne t’ai pas dit et redit que je voulais des pensées ? Entends-tu ? des pensées ! Et c’est si vrai que, lorsque tu m’as apporté ces autres fleurs, je me suis fâché et j’ai tout écrasé.

Blaise.

Quant à cela, c’est vrai ; mais vous savez bien que le jardinier a cru bien faire de vous les envoyer, et moi aussi j’ai cru que ces jolies fleurs vous plairaient plus que les pensées que vous demandiez.

Jules.

Non, elles ne me plaisent pas. Remporte-les, si tu veux.

Blaise.

Mais le jardinier n’en voudra pas, dans l’état où elles sont, écrasées et brisées.

Jules.

Alors emporte-les, car je ne les veux pas dans mon jardin. Je te les donne ; fais-en ce que tu voudras.

Et il tourna le dos au pauvre Blaise consterné.

« Que vais-je faire de ces fleurs ? Les porter au jardinier, je n’oserais ; il pourrait croire que c’est moi qui les ai fait tomber et qui les ai écrasées en route. J’ai envie de les emporter pour les planter dans notre jardin ; peut-être que papa pourra les faire revenir, et, quand elles auront bien re-