Aller au contenu

Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

justifier en m’accusant, tu t’es laissé perdre de réputation dans la maison et dans le pays. Hélène est la seule qui t’ait rendu justice ; elle a toujours pris parti pour toi, c’est-à-dire pour la vérité, pour la bonté, pour la réunion de toutes les vertus. Je désire que dans tout le pays on sache l’aveu que m’arrache le repentir ; qu’on dise à tous que je suis aussi vil, aussi méprisable que tu es, toi, honorable et admirable. Je veux que tous sachent qu’ici, devant papa, maman, devant toutes les personnes de la maison que j’ai tant et si souvent offensées par mes exigences, mes insolences, mes méchancetés, je demande pardon à genoux de toute ma vie passée. Je veux qu’on sache que c’est à Blaise que je dois ma conversion ; sa vertu m’a touché, ses conseils ont excité mon repentir, son exemple m’a donné l’horreur de moi-même. »

Jules s’était effectivement mis à genoux en prononçant ces dernières phrases : Blaise se précipita vers lui pour le relever ; Jules se jeta dans ses bras et l’embrassa à plusieurs reprises : tous les domestiques pleuraient, et le comte, qui s’était contenu jusque-là, ne put comprimer plus longtemps son émotion ; il s’approcha de Jules et de Blaise, les prit tous deux dans ses bras :

« Mon noble Jules ! disait-il à travers ses sanglots — quel courage ! Le bon Dieu te récompen-