Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/75

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La sébile se trouvant suffisamment remplie, le maître fit déployer à l’éléphant tous ses talents. Il lui fit lancer une énorme boule et la recevoir au bout de sa trompe ; il lui fit saluer la compagnie ; déboucher une bouteille de vin, en verser un verre plein, l’avaler sans en répandre une goutte, en verser un second verre et y tremper une tranche de pain qu’il avala comme une pilule ; il lui fit casser des noix avec son gros pied de devant ; il lui fit transporter en tas des pierres que deux hommes pouvaient à peine soulever, et que l’éléphant enleva avec la même facilité qu’un enfant aurait mise à manier une noix ; et il lui fit exécuter beaucoup d’autres tours plus ou moins difficiles, qui excitaient l’admiration de tous les spectateurs.

Quand la représentation fut terminée, le maître s’approcha de M. de Trénilly et lui demanda la permission de coucher dans une de ses granges. M. de Trénilly y consentit, à la grande joie des enfants, qui comptaient bien revoir l’éléphant dans son appartement et lui apporter à manger.

« Que donnez-vous à dîner à votre éléphant ? demanda Jules au maître.

— Des boulettes de farine et d’œufs, monsieur, et un baquet de son avec des choux et des carottes.

— Où sont vos boulettes ? demanda Jules.

— Je vais les apprêter, monsieur ; elles ne sont pas encore faites.