Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/95

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et j’avais mes pommes de terre à rentrer ; je ne pouvais pas deviner que vous iriez vous jeter dans la mare aux sangsues.

Jules.

Si tu étais avec moi, tu m’aurais empêché de tomber.

Blaise.

Et comment vous en aurais-je empêché ? Vous ne m’auriez pas écouté.

Jules.

Non ; mais quand l’âne s’est mis à sauter dans l’eau, tu l’aurais tenu par la bride, et tu l’aurais doucement fait sortir de la mare.

Blaise.

Il m’aurait donc fallu entrer dans la mare, pour avoir cinquante sangsues aux jambes ? Grand merci !

Jules.

Le grand malheur quand tu aurais eu les jambes piquées ! Moi, je n’aurais pas eu de morsures au visage et à la main.

Blaise.

Ah bien ! monsieur Jules, voilà le merci que vous me donnez pour vous avoir empêché d’avoir encore une quinzaine de sangsues après vous, et pour vous avoir donné des habits secs en place des vôtres qui me glacent le corps !

Jules.

Ils sont jolis, tes habits ! Une sale grosse chemise,