Page:Senancour - Isabelle, 1833.djvu/128

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croyais voir Jules, retenu par sa parole, sur une terre lointaine, ou même peutêtre travaillant pour un salaire devenu indispensable. Je me figure que j’arrive d’Europe, dans le dessein departager son sort, qu’il s’arrête, qu’il regarde la voile près du rivage, et qu’il fait un mouvement de surprise. Cette circonstance se renouvelle dans ma rêverie ; mais cette fois, Clémence, j’entends distinctement mon nom. Sans y réfléchir, je tourne les yeux de ce côté ; je le vois, lui, Jules ! Une terreur inexprimable me saisit, je crois ma raison égarée. Comment l’Océan n’est-il plus entre nous ?

Il faut t’expliquer ceci. Antoine n’aura pas été infidèle, mais négligent. Une de mes lettres fut surprise, et Jules y vit sans doute qu’il n’était pas oublié : ce qui est sûr du moins, c’est qu’il y apprit ma demeure. Dès qu’il fut parvenu à re