Page:Senancour - Rêveries, 1833.djvu/51

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veillés et animés par la joie ou la colère, il comprendrait qu’une semblable existence cessera enfin. Il se peut que le temps assigné aux différens êtres soit souvent en raison de la place qu’ils occupent dans l’espace. Une sorte de fixité deviendrait à nos yeux l’attribut des objets dont la grandeur nous étonnerait. La vue des astres, la durée des constellations doivent ainsi entraîner notre pensée au-delà de nos heures et des heures sidérales, vers ce qui est perpétuel, vers ce qui existe nécessairement.

Plus un assemblage de particules élémentaires en contiendra, plus elles seront combinées selon des lois diverses, et plus ce corps sera facilement altéré ; mais alors il pourra recevoir des facultés vitales. Si un corps est peu organisé, il résiste aux causes de dissolution par une force intérieure, par adhérence. S’il l’est davantage, il a pour ressource des moyens plus actifs ; ou il évite le choc en se déplaçant, où il répare ses pertes en absorbant des êtres plus faibles. Sans doute la matière ne parvient pas toujours au degré de ténuité, au degré de souplesse qui la rend susceptible de former un corps très-organisé, seule machine qui, recevant à la fois et déterminant de nombreuses impressions, puisse engendrer à sa manière un nouveau mobile.

Les êtres simples ne pouvant être modifiés, ne