Page:Senancourt Obermann 1863.djvu/16

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publique, au risque d’ennuyer un grand nombre de personnes graves, instruites, ou aimables. Le devoir d’un éditeur est seulement de prévenir qu’on n’y trouve ni esprit, ni science, que ce n’est pas un ouvrage, et que peut-être même on dira : Ce n’est pas un livre raisonnable.

Nous avons beaucoup d’écrits où le genre humain se trouve peint en quelques lignes. Si cependant ces longues lettres faisaient à peu près connaître un seul homme, elles pourraient être et neuves et utiles. Il s’en faut de beaucoup qu’elles remplissent même cet objet borné ; mais, si elles ne contiennent point tout ce que l’on pourrait attendre, elles contiennent du moins quelque chose ; et c’est assez pour les faire excuser.

Ces lettres ne sont pas un roman[1]. Il n’y a point de mouvement dramatique, d’événements préparés et conduits, point de dénoûment ; rien de ce qu’on appelle l’intérêt d’un ouvrage, de cette série progressive, de ces incidents, de cet aliment de la curiosité, magie de plusieurs bons écrits, et charlatanisme de plusieurs autres.

On y trouvera des descriptions ; de celles qui servent à mieux faire entendre les choses naturelles, et à donner des lumières, peut-être trop négligées, sur les rapports de l’homme avec ce qu’il appelle l’inanimé.

On y trouvera des passions ; mais celles d’un homme

  1. Je suis loin d’inférer de là qu’un bon roman ne soit pas un bon livre. De plus, outre ce que j’appellerais les véritables romans, il est des écrits agréables ou d’un vrai mérite que l’on range communément dans cette classe, tels que la Chaumière indienne, etc.