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OBERMANN

LETTRE PREMIÈRE.

Genève, 8 juillet, première année.

Il ne s’est passé que vingt jours depuis que je vous ai écrit de Lyon. Je n’annonçais aucun projet nouveau, je n’en avais pas ; et maintenant j’ai tout quitté, me voici sur une terre étrangère.

Je crains que ma lettre ne vous trouve point à Chessel[1] et que vous ne puissiez pas me répondre aussi vite que je le désirerais. J’ai besoin de savoir ce que vous pensez, ou du moins ce que vous penserez lorsque vous aurez lu. Vous savez s’il me serait indifférent d’avoir des torts avec vous ; cependant je crains que vous ne m’en trouviez, et je ne suis pas bien assuré moi-même de n’en point avoir. Je n’ai pas même pris le temps de vous consulter. Je l’eusse bien désiré dans un moment aussi décisif : encore aujourd’hui, je ne sais comment juger une résolution qui détruit tout ce qu’on avait arrangé, qui me transporte brusquement dans une situation nouvelle, qui me destine à des choses que je n’avais pas prévues, et dont je ne

  1. Campagne de celui à qui les lettres sont adressées.