Page:Senancourt Obermann 1863.djvu/215

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est le destin ; leur puissance et leurs propriétés sont la nature, et la conception universelle de ces propriétés est Dieu.

Les analogies de ces propriétés forment la doctrine magique, secret de toutes les initiations, principe de tous les dogmes, base de tous les cultes, source des relations morales et de tous les devoirs.

Je me hâte, et vous me saurez gré de tant de discrétion, car je pourrais suivre la filiation de toutes les idées cabalistiques et religieuses. Je rapporterais aux nombres les religions du feu ; je prouverais que l’idée même de l’Esprit pur est le résultat de certains calculs ; je réunirais dans un même enchaînement tout ce qui a pu asservir ou flatter l’imagination humaine. Cet aperçu d’un monde mystérieux ne serait pas sans intérêt ; mais il ne vaudrait pas l’odeur numérique exhalée de sept fleurs de jasmin que le souffle de l’air va porter et perdre dans le sable sur votre terrasse de Chessel.

Cependant, sans les nombres, point de fleurs, point de terrasse. Tout phénomène est nombre ou proportion. Les formes, l’espace, la durée sont des effets, des produits du nombre mais le nombre n’est produit, n’est modifié, n’est perpétué que par lui-même. La musique, c’est-à-dire la science de toute harmonie, est une expression des nombres. Notre musique elle-même, source peut-être des plus fortes impressions que l’homme puisse éprouver, est fondée sur les nombres.

Si j’étais versé dans l’astrologie, je vous dirais bien d’autres choses ; mais enfin toute la vie n’est-elle pas réglée sur les nombres ? Sans eux, qui saurait l’heure d’un office, d’un enterrement ? qui pourrait danser ? qui saurait quand il est bon de couper les ongles ?

L’unité est assurément le principe, comme l’image de toute unité, et dès lors de tout ouvrage complet, de tout