Page:Senancourt Obermann 1863.djvu/221

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saire, mort amenée par les causes générales du déclin de la vie). Je veux dire que, si l’on meurt de vieillesse à quatre-vingt-quatre, à quatre-vingt-dix-huit, on meurt d’âge à soixante-trois : c’est la première époque où la vie finisse par les maladies de la décrépitude. Beaucoup de personnages célèbres sont morts à soixante-dix ans, à quatre-vingt-quatre, à quatre-vingt-dix-huit, à cent quatre (ou cent cinq). Aristote, Abailard, Héloïse, Luther, Constantin, Schah-Abbas, Nostradamus et Mahomet moururent à soixante-trois ; et Cléopâtre sentit bien qu’il fallait attendre vingt-huit jours pour mourir après Antoine.

Neuf ! Si l’on en croit les hordes mongoles et plusieurs peuplades de la Nigritie, voilà le plus harmonique des nombres. C’est le carré du seul nombre qui ne soit divisible que par l’unité ; c’est le principe des productions indirectes ; c’est le mystère multiplié par le mystère. On peut voir dans le Zend-Avesta combien neuf était vénéré d’une partie de l’Orient. Dans la Géorgie, dans l’Iranved, tout se fait par neuf : les Avares et les Chinois l’ont aimé particulièrement. Les musulmans de la Syrie comptent quatre-vingt-dix-neuf attributs de la Divinité, et les peuples de la partie orientale de l’Inde connaissent dix-huit mondes, neuf bons, neuf mauvais.

Mais le signe de ce nombre à la queue en bas, comme une comète qui sème des monstres ; et neuf est l’emblème de toute vicissitude funeste : en Suisse particulièrement les bises destructives durent neuf jours. Quatre-vingt-un, ou neuf multiplié par lui-même, est le nombre de la grande climatérique[1] ; tout homme qui aime l’ordre doit mourir à cet âge, et Denis d’Héraclée donna en cela un grand exemple au monde.

J’avoue que dix-huit ans passe pour un assez bel âge,

  1. Les climatériques d’Hippocrate sont les septièmes années ; ce qui est analogue à ce qu’on a dit au nombre sept.