Page:Senancourt Obermann 1863.djvu/55

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Vous savez déjà que de ce nombre était une femme. Mon habillement français me fit apparemment remarquer ; je fus salué. Sa bouche est ronde ; son regard.......... Pour sa taille, pour tout le reste, je ne le sais pas plus que je ne sais son âge : je ne m’inquiète pas de cela ; il se peut même qu’elle ne soit pas très-jolie.

Je n’ai point examiné dans quelle auberge ils allaient, mais je suis resté à Saint-Maurice. Je crois que l’aubergiste (c’est chez lui que je vais toujours) m’aura mis à la même table parce qu’ils sont Français : il me semble qu’il me l’a proposé. Vous pensez bien que je n’ai pas fait chercher quelque chose de délicat pour le dessert afin de lui en offrir.

J’ai passé le reste de la journée près du Rhône. Ils doivent être partis ce matin ; ils vont jusqu’à Sion : c’est le chemin de Leuck, où l’un des voyageurs va prendre les bains. On dit que la route est belle.

C’est une chose étonnante que l’accablement où un homme qui a quelque force laisse consumer sa vie, pendant qu’il faut si peu pour le tirer de sa léthargie.

Croyez-vous qu’un homme qui achève son âge sans avoir aimé soit vraiment entré dans les mystères de la vie, que son cœur lui soit bien connu, et que l’étendue de son existence lui soit dévoilée ? Il me semble qu’il est resté comme en suspens, et qu’il n’a vu que de loin ce que le monde aurait été pour lui.

Je ne me tais pas avec vous, parce que vous ne direz point : Le voilà amoureux. Jamais ce sot mot, qui rend ridicule celui qui le dit ou celui de qui on le dit, ne sera dit de moi, je l’espère, par d’autres que par des sots.

Quand deux verres de punch ont écarté nos défiances, ont pressé nos idées dans cette impulsion qui nous soutient, nous croyons que désormais nous allons avoir plus de force dans le caractère et vivre plus libres ; mais