Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont signalés en bien des régions[1]. Souvent ce sont des prétentions rivales à des avantages honorifiques qui, cause ou prétexte, donnent naissance à ces conflits. Elles sont à nos yeux assez futiles. Elles passionnent singulièrement les intéressés. C’est que, partout, l’organisation des castes est devenue le cadre d’une véritable hiérarchie ; chacune y a son rang marqué par la tradition ou par l’opinion ; chacune le maintient à tout prix ou s’efforce de s’élever dans l’échelle. Il y a là un trait tout à fait caractéristique pour la physionomie générale de l’institution.

Le pivot de cette hiérarchie, c’est la supériorité reconnue de la caste brâhmanique et de ses nombreuses ramifications. On a pu dire que la place attribuée à chaque caste dépendait essentiellement de sa relation avec la caste brâhmanique, des marques de ménagemens ou de dédain qu’elle en recevait[2]. En dépit de la déconsidération relative qui a frappé nombre de leurs castes, les brâhmanes tiennent presque partout la tête[3] ; leur ascendant religieux a assuré une puissante autorité à des classifications qui, dans une large mesure, se

  1. Cf. par exemple, la note Caste factions d’Elliot, dans l’Asiatic Quarterly, avril 1892, p. 438 suiv.
  2. Jogendra Chandra Ghosh, Calc. Review, oct. 1880, p. 81-2. Cf. Guru Proshad Sen, ibid., juillet 1890, p. 61-5.
  3. Cf. par exemple, Dubois, op. laud, I, 143-4 ; 161.