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CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET

quatre méditations est loin d’être le seul point par où il confine au bouddhisme. En bonne théorie, pour le bouddhisme, la perfection morale importe seule, puisque seule elle conduit au salut ; pourquoi donc revendique-t-il pour ses adeptes les plus éminents en science et en vertu des prérogatives, merveilleuses jusqu’à l’absurde, qui ressemblent de si près aux pouvoirs magiques dont se glorifie le Yoga ? Ce n’est pas par hasard que, à l’exemple du Yoga, il distingue en quatre ordres les saints plus ou moins avancés dans ses voies ; que, de part et d’autre, la même métaphore bhûmi, « terre », soulignée par l’identité de certains noms tout fantaisistes, sert à jalonner les étapes du progrès religieux. Je vous fais grâce du détail. Ce qui est surtout significatif, c’est l’inspiration commune qui est la sève même des deux doctrines : l’une et l’autre mettent au salut les mêmes conditions : détachement absolu, destruction de toute « soif », de tout « désir ». Il n’est donc pas surprenant que les huit modes (aṅgas) du Yoga se reflètent dans les huit modes (aṅgas) de la « voie » bouddhique, les deux énumérations, à la fois diverses et similaires, culminant dans le même terme final, samâdhi, « concentration » ou « extase ».