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ORIGINES BOUDDHIQUES

VI

Ramené à sa formule la plus simple, le bouddhisme prêche le salut par l’abnégation, par la destruction de la concupiscence, cette chaîne qui lie l’homme à la misère d’être. Là, il se meut exactement sur le terrain du Yoga. La Bhagavadgîtâ ne se lasse pas de glorifier cette impassibilité qui s’affranchit de l’action et des fruits amers que l’action, inéluctablement, porte en renaissances. Les deux systèmes attribuent volontiers à la science, à la gnose, vidyâ, jñâna, une efficacité qui, à vrai dire, n’est dans la logique rigoureuse ni de l’un ni de l’autre, qui cependant, se traduit dans la puissance décisive que, de part et d’autre, on reconnaît au samâdhi, à l’intuition totale. Les deux doctrines expriment la connaissance de la vérité à son degré suprême par le même verbe, budh, « savoir », qui s’y bifurque sous des formes exactement équivalentes, bodhi et buddhi. Elles se rencontrent dans les mêmes notions, les mêmes mots, au terme comme au début du chemin. Un état bienheureux, mais assez mal précisé, libère définitivement les hommes de la transmigration,