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CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET

qu’englobe l’orthodoxie, il faut se souvenir que le bouddhisme récusé l’autorité des écritures védiques, qu’il se pose en système irrévocablement hérétique et dissident.

Les tendances morales du Yoga ont pu aisément, transportées sur le terrain métaphysique, inspirer le nihilisme bouddhique. À force de réprouver toute préoccupation égoïste, de refuser aux objets sensibles toute importance, de répéter qu’il faut les considérer, avec leur cortège de plaisir et de douleur, comme s’ils n’étaient pas, l’esprit, surtout l’esprit hindou, peut sans peine en arriver à nier toute existence objective. Cette négation de la personnalité s’accorde, logiquement, bien mal avec les notions de responsabilité, de récompenses et de châtiments prolongés à travers la transmigration. Comme les autres doctrines populaires, c’est pourtant sur ces notions que repose le bouddhisme. On a peine à imaginer que la métaphysique destructive qu’il y soude par une alliance paradoxale, puisse jaillir d’une autre source que de ces images morales transposées en dogmes spéculatifs.

En tous cas, le Yoga d’où s’est détaché le bouddhisme, n’était, on le voit, indissolublement