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gantes, de retoucher son Tannhæuser, d’y ajouter une scène tout entière et d’écrire cette scène dans le style de ses derniers ouvrages. » Voici, d’autre part, l’opinion de M. Lindau sur ce morceau : — « La composition musicale de ce ballet, que Wagner a écrit exprès pour Paris, surpasse toutes les audaces. C’est un véritable délire, on n’a jamais osé rien de pareil jusqu’à ce jour. »

M. Petipa, à cette époque maître de ballet de l’Opéra, fut chargé de mettre en scène la Bacchanale. Il a fourni sur cette mise en scène des détails intéressants et inédits[1]. Wagner, après lui avoir fait entendre la scène du Venusberg[2], lui remit une

  1. Journal des Débats du 21 avril.
  2. M. Nuitter l’avait mené chez Wagner, rue d’Aumale. « Dès notre arrivée, le compositeur se mit au piano. Il jouait avec un entrain et une fureur intraduisibles. Ses mains broyaient les touches. En même temps, il se démenait, me criait les entrées des groupes, essayait d’évoquer les scènes de cette terrible Bacchanale : « Arrivée » des faunes et satyres, — ils renversent tout, — le désordre est à son comble », me lançait le compositeur, et sous ses mains qui continuaient de frapper l’ivoire, le délire musical augmentait toujours. Tandis qu’il plaquait une suite d’accords frémissants, Wagner s’écria soudain : « Un coup de tonnerre éclate, nous sommes tous morts ». À ce moment précis, une charrette de pavés fut déchargée dans la rue, ce qui produisit un bruit terrible et prolongé. Wagner se retourna stupé-