Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/43

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Depuis le début du mois de mars jusqu’au lendemain de la première, Tannhæuser servit de thème aux bons mots, aux chroniques et aux caricatures des journaux amusants[1].

Mécontent de la manière dont Dietsch interprétait sa partition (il n’était pas rare aux répétitions de voir l’auteur, sur la scène, battre la mesure d’une façon, tandis que le chef d’orchestre la battait autrement)[2], Wagner, le 25 février, avait demandé au directeur de l’Opéra l’autorisation de conduire l’orchestre, non seulement à la répétition générale, mais aux trois premières représentations. Royer l’avait renvoyé au ministre d’État. La réponse offi-

  1. Le Charivari du 10 mars contient sept caricatures de Cham, celui du 11 publie : les Tribulations du Tannhæuser, wagnériade en quelques tableaux par M. P. Véron, qui fait allusion aux chamailleries de Wagner avec l’Opéra, à ses procès avec ses librettistes. Wagner réclame sans cesse des délais nouveaux, par exemple : « un mois et demi de répétitions pour dresser les chiens qui, dans la scène de chasse, aboient au-dessous du ton. » Le directeur, agacé, finit par dire : — « Le Tannhæuser ne sera jamais joué de ce train-là ! » — Wagner, fièrement : — « Qu’à cela ne tienne, Monsieur, ma musique étant la musique de l’avenir, n’en justifiera que mieux son nom si on ne la joue jamais ! »
  2. Voir l’interwiew de M. Cormon, Journal des Débats du 27 avril. Ses souvenirs sont conformes à ceux de M. Nuitter.