Page:Sextus Empiricus - Les Hipotiposes pirroniennes.djvu/115

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C’est le premier moyen.

Si on dit qu’elle peut être jugée et décidée, nous demandons comment on pourra la décider. Supposons, par exemple, qu’il s’agit de juger d’une chose sensible, qui s’aperçoit par les sens, (pour commencer par-là notre dispute.) En jugera-t-on par une chose sensible, ou par une chose intelligible ? Si on en juge par une chose sensible, (comme il est question ici de choses sensibles) cette chose sensible aura encore besoin d’une autre chose pour sa confirmation ; et, si cette dernière chose est sensible, il faudra la confirmer encore par une autre chose sensible, et ainsi à l’infini. Voilà le second moyen, qui est le progrès à l’infini.

Que si l’on juge d’une chose sensible par une intelligible ; comme les choses intelligibles sont controversées aussi, il faudra de même juger de cette chose intelligible. Or comment en jugera-t-on ? Sera-ce par une chose intelligible ? Mais voilà le progrès à l’infini. Sera-ce par une chose sensible ? Voilà le Diallèle. Car on a pris l’intelligible pour juger du sensible ; et maintenant on prend le sensible pour juger de l’intelligible. C’est le cercle vicieux ou le Diallèle, par lequel de deux choses, également contestées, on prend la seconde