Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/128

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Créature qui ne lui porte son hommage que par le seul motif d’une crainte servile ou d’une espérance mercenaire ; si les récompenses qu’elle attend, ou les châtiments qu’elle redoute, la contraignent à faire le bien qu’elle hait, ou à s’éloigner du mal qu’elle affectionne ; nous avons démontré qu’il n’y avait en elle, ni Vertu, ni Bonté. Cet adorateur servile avec une conduite irréprochable devant les hommes, ne mérite non plus devant Dieu que s’il avait suivi sans frayeur la perversité de ses affections. Il n’y a non plus de piété, de droiture, de sainteté dans une Créature ainsi réformée, que d’innocence & de sobriété dans un Singe sous le fouet, que de douceur & de docilité dans un Tigre enchaîné. Car quelles que soient les actions de ces Animaux, ou de l’Homme à leur place, tant que l’affection sera la même ;