Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/178

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plus exacte, ni plus réelle. Peu de gens toutefois se sont occupés à anatomiser l’âme, & c’est un art que personne ne rougit d’ignorer parfaitement[1]. Tout le monde convient que le tem-

  1. On se pique de connoître les qualités d’un bon Cheval, d’un bon Chien & d’un bon Oiseau. On est parfaitement instruit des affections, du tempérament, des humeurs & de la forme convenable à chacune de ces espèces. Si par hazard un Chien décéle quelque défaut contraire à sa nature ; « cet animal, dit-on incontinent, est vicieux » ; & fortement persuadé que ce vice le rend moins propre aux services qu’on en doit attendre, on met tout en œuvre pour le corriger. Il y a peu de jeunes gens qui s’entendent plus ou moins cette discipline. Suivons cet écervelé qui, pour quelqu’ordre futile & peut-être deshonnête, differé ou mal-adroitement exécuté, feroit périr un Domestique sous Le bâton, suivons-le, dans ses écuries & demandons-lui pourquoi ce Cheval est séparé de la société des autres ; « Il a la jambe fine, il porte noblement sa tête, il est en apparence plein d’ame & de feu. » Vous avez raison, vous répondra-t’il ; « mais il est excessivement fougueux ; on en n’approche pas sans danger ; son ombre l’effarouche ; une mouche lui fait prendre le mors aux dents ; il faut que je m’en défasse. » De là passant à ses Chiens : « Voyez-vous,