Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/213

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ses organes & de la délicatesse de son goût : mais le méchant, étranger par son état aux affections sociales, est absolument incapable de juger des plaisirs qu’elles causent.

Objecter que ces affections ne déterminent pas toujours la Créature qui les possède, c’est ne rien dire. Car si la Créature ne les ressent pas dans leur énergie naturelle, c’est comme si elle en était actuellement privée, & qu’elle l’eût toujours été. Mais en attendant la démonstration de cette proposition, nous remarquerons que moins une Créature aura d’affections sociale, plus il sera surprenant qu’elle prédomine : toutefois ce prodige n’est pas inouï. Or, si l’affection sociale, telle quelle, a pu dans une occasion surmonter la scélératesse, il reste incontestable que, fortifiée par un exercice assidu, elle aurait toujours prévalu.