Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

digne de blâme & de punition ; c’est l’accuser d’injustice, de méchanceté, de caprice[1]& par conséquent c’est

  1. Cette proposition ne contredit point l’omnis homo mendax ; elle ne signifie autre chose que s’il y avoit quelqu’homme assez juste pour n’avoir aucun reproche à se faire, ses frayeurs seroient injurieuses à la Divinité. Quoi qu’il en soit, je demanderois volontiers, si les inégalités dans la dévotion peuvent s’accorder avec des notions constantes de la Divinité. Si votre Dieu ne change point, pourquoi n’êtes-vous pas ferme dans la même assiette d’esprit ? Je ne sçais, dites-vous, s’il me pardonnera les fautes passées, & j’en fais tous les jours de nouvelles. Êtes-vous encore méchant ? j’approuve vos allarmes & je suis étonné qu’elles ne soient pas continuelles. Mais n’êtes-vous plus injuste, menteur, fourbe, avare, médisant, calomniateur ? Qu’avez-vous donc à craindre ? Si quelque ami comblé de vos bienfaits vous avoit offensé ; la sincérité de son retour vous lasseroit-elle des sentimens de vengeance ? Point du tout, Or, celui que vous adorez est-il moins bon que vous ? votre Dieu est-il rancunier ? Non… Mais je vois à votre peu de confiance que vous n’avez pas encore une juste idée de ce qui est moralement excellent ; vous ne connoissez pas ce qui convient où ne convient pas à un Être parfait. Vous lui prêtez des défauts donc l’honnête-homme tâche de se défaire & dont il se défait effectivement à