Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/61

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pousse avec douleur, n’est pas un mal réel dans un système, que cet inconvénient prétendu conduit à la perfection.

Nous nous garderons donc de prononcer qu’un Etre est absolument mauvais, à moins que nous ne soyons en état de démontrer qu’il n’est bon dans aucun système[1].

Si l’on remarquait dans la Nature une

  1. Que deviennent donc les Manichéens avec la nécessité prétendue de leurs principes ? où aboutissent les reproches que les Athées font à la Nature ? On diroit à les entendre dogmatiser, qu’ils sont initiés dans tous ses desseins, qu’ils ont une connoissance parfaire de ses ouvrages, & qu’ils seroient en état de se mettre au gouvernail & de manœuvrer à sa place. Et ils ne veulent pas s’appercevoir qu’ils sont, par rapport à l’univers, dans un cas plus désavantageux qu’un de ces Mexiquains qui ne connoissant ni la Navigation, ni la nature de la Mer, ni les propriétés des vents & des eaux, s’éveilleroit au milieu d’un Vaisseau, arrêté en plein Océan par un calme profond. Que penseroit-il en considérant cette pesante Machine suspendue sur un Elément sans consistance ? Et que penseroit-on de lui, s’il venoit à traiter de poids incommodes & superflus,