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LES DEUX NOBLES PARENTS.

arcite.

Je suis bien aise — que vous ayez si bon appétit.

palémon.

Je suis plus aise encore — d’avoir, pour le satisfaire, un si bon repas.

arcite.

N’est-ce pas une folle habitation — que ces forêts farouches, cousin ?

palémon.

Oui, pour ceux — qui ont une conscience farouche.

arcite.

— Comment trouvez-vous ces mets ? Votre faim n’a pas besoin, je le vois, d’assaisonnement.

palémon.

Non. — Mais, si elle en avait besoin, le vôtre aurait trop d’aigreur, doux cousin. — Qu’est ceci ?

arcite.

De la venaison.

palémon.

C’est une viande succulente. — Donnez-moi encore du vin : cette fois, Arcite, aux belles — que nous avons connues dans le temps !… À la fille du seigneur intendant ! — Vous la rappelez-vous ?

Il lui tend la coupe.
arcite.

Après vous, cousin.

palémon.

— Elle aimait un homme aux cheveux noirs.

arcite.

Elle l’aimait. Eh bien, après ?

palémon.

— Et cet homme, je l’ai ouï appeler Arcite, et…

arcite.

— Achevez, morbleu !