Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/178

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ÉDOUARD III.

quand elle parle de guerre, — elle serait capable d’arracher César de sa tombe romaine, — pour lui faire écouter un langage qui rend la guerre si belle. — Partout la sagesse est folie, excepté sur ses lèvres ; — la beauté, une imposture, excepté sur son charmant visage ! — Il n’y a d’été que dans son sourire ; — il n’y a d’hiver glacé que dans son dédain. — Je ne puis blâmer les Écossais qui l’ont assiégée, — car elle est tout le trésor de notre pays ; — mais je les trouve lâches de s’être ainsi sauvés, — ayant, pour rester, une si précieuse et si belle cause.

Haut.

— Ah ! c’est toi, Lodowick ? Donne-moi de l’encre et du papier.

lodowick.

— Oui, mon souverain.

édouard.

— Et dis aux lords de continuer leur partie d’échecs. — Car nous voulons nous promener et méditer seul.

lodowick.

— Oui, mon prince.

Sort Lodowick.
édouard.

— Ce garçon est fort versé dans la poésie, — et il a l’esprit vigoureux et persuasif. — Je lui révélerai ma passion, — et il la revêtira d’un voile de gaze, — à travers lequel la reine des reines de beauté apercevra — elle-même la source de ma faiblesse.

Rentre Lodowick.

— As-tu là, tout prêts, la plume, l’encre et le papier, Lodowick ?

lodowick.

— Tout prêts, mon suzerain.