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SCÈNE IV.

leurs leur butin. Il est si méprisable, le voleur — qui n’a pas su se contenter de la pauvreté même ! — Eh bien, enfant, quelles nouvelles ?

le prince de galles.

— Mon cher seigneur et père, j’ai recueilli — la fleur la plus choisie de notre race anglaise — pour nos affaires en France ; et nous venons ici — pour prendre les ordres de votre majesté.

édouard.

— Je vois toujours dans ses lignes — le visage de sa mère. Ses yeux, à lui, sont bien ses yeux, à elle, — qui me font rougir, en se fixant sur moi. — Car les fautes déposent contre elles-mêmes ; — la luxure est une flamme brûlante que les hommes, pareils à des lanternes, — laissent apercevoir en eux-mêmes, à travers eux-mêmes. — Loin de moi les molles soies d’une capricieuse galanterie ! — Eh quoi ! la belle Bretagne, dans ses vastes limites, — sera subjuguée par moi, et je ne saurai pas — maîtriser l’étroit empire de mon être ! — Qu’on me donne une armure d’éternel acier, — je vais triompher des rois. Vais-je donc — me réduire moi-même en servitude et être l’auxiliaire de mon ennemi ? — Non, cela ne se peut pas. Allons, mon fils, en marche, en avant ! — Balayons de nos couleurs le ciel de la France.

LODOWICK, s’avançant vers le roi et lui parlant bas.

— Sire, la comtesse, d’un air souriant, — demande accès près de votre majesté.

ÉDOUARD, à part.

— Eh bien, c’est dit, ce simple sourire d’elle — est la rançon de la France captive ; il met le roi, — le dauphin et ses pairs en liberté.

Haut, au prince de Galles.

— Va, laisse-moi, Ned, et amuse-toi avec tes amis,

Le prince sort.