Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/230

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ÉDOUARD III.

peuvent commander, — décider, opter et gouverner à leur guise ! — Non, l’ami, dis-leur que, puisqu’ils ont repoussé — notre pardon princier proclamé tout d’abord, — ils ne l’obtiendront pas aujourd’hui, quelque désir qu’ils en aient ; — je ne traiterai avec eux que par le fer et par le feu, — à moins que d’ici à deux jours, six d’entre eux, — les plus riches marchands de la ville, — couverts seulement d’une chemise de lin, — ayant chacun une hart au cou, — ne viennent se prosterner à mes pieds et s’offrir à genoux, — pour être gehennés, pendus, ou exécutés à ma guise. — Vous pouvez informer de cela ces messieurs.

Sortent Édouard et Percy.
le capitaine.

— Voilà ce que c’est que de se fier à un bâton brisé. — Si nous n’avions pas été persuadés que Jean, notre roi, — viendrait avec son armée au secours de la ville, — nous ne nous serions pas ainsi obstinés à la résistance. — Mais maintenant nul ne peut revenir sur le passé ; — et mieux vaut la ruine de quelques-uns que celle de tous.

Il sort.

SCÈNE X.
[Près de Poitiers. La tente du duc de Normandie dans le camp français.]
Entrent Charles et Villiers.
charles.

— Je m’étonne, Villiers, que tu m’importunes ainsi — pour un homme qui est notre mortel ennemi.

villiers.

— Mon gracieux seigneur, ce n’est pas par sympathie pour lui — que j’intercède si chaleureusement en sa faveur, — mais bien pour acquitter par là ma rançon.