Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/307

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SCÈNE IV.

deux plus rudes sacripants qui aient jamais vécu dans le Kent, — ont juré ma mort, si j’enfreignais mon serment. — Chose terrible à considérer ! — Il me semble, ô Arden ! que je les vois, les cheveux hérissés, — l’œil hagard, grinçant des dents devant ton doux visage, — brandir leurs dagues d’une main impitoyable — et t’insulter d’un tas d’imprécations, — pendant que toi, implorant humblement du secours, — tu te sens déchiré par leurs couteaux furieux. — Il me semble que je les entends demander où est Michel, — et l’implacable Blackwill s’écrie : Poignardons le misérable !Ce rustre va révéler toute la tragédie !… — Les rides sur son visage affreux et menaçant — s’ouvrent béantes comme des fosses pour engloutir les hommes. — Ma mort pour lui ne sera qu’un badinage, — et il va m’égorger en se jouant. — Il vient ! il vient !… Ah ! maître Francklin, au secours ! — Appelez les voisins, ou nous sommes morts !

Entrent Francklin et Arden.
francklin.

— Quelle clameur terrible n’arrache à mon repos ?

arden.

— Quelle est la cause de ce cri effrayant ? — Parle, Michel, quelqu’un t’a-t-il fait mal ?

michel.

— Nullement, monsieur ; mais, comme j’étais tombé endormi — sur le palier, au haut de l’escalier, — j’ai fait un rêve effrayant qui m’a troublé ; — et j’ai cru, dans mon sommeil, être attaqué — par des brigands qui venaient me dévaliser. — Mes membres tremblants attestent ma crainte profonde ; — je vous demande pardon de vous avoir ainsi dérangé.

arden.

— Je n’ai jamais entendu crier si fort pour rien. —