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SCÈNE XIII.

Entrent Francklin, Arden et Michel.

— Le voici justement qui arrive au gré de mon projet… — Maître Arden, je vais faire un voyage en mer, — et je viens à vous pour la pièce de terre — que vous détenez contre toute justice à mon détriment. — Quoique le revenu en soit bien petit, — il soutiendra ma femme et mes enfants — que je laisse ici, à Feversham, Dieu le sait, — dans le besoin et la détresse. Pour l’amour du Christ rendez-leur cette pièce de terre.

arden.

— Francklin, tu entends ce que dit ce garçon ? — Ce qu’il réclame, je l’ai acheté de lui fort cher, — quoique le revenu m’en ait toujours appartenu… — Toi, l’ami, qui me fais cette demande, — si, de ta langue insolente, tu te permets — de déblatérer contre moi, comme j’ai ouï dire que tu le fais, — je t’enfermerai si étroitement douze mois durant, — que tu ne verras ni soleil ni lune. — Fais-y attention ; car, aussi vrai que j’existe, — je bannirai toute pitié, si tu me traites ainsi.

reed.

— Eh quoi ! tu me dépouilles, et puis tu me menaces ! — Eh bien donc, je te défie, Arden. Fais le mal à ta guise. — Je supplie Dieu de faire quelque miracle — pour te châtier, toi et les tiens. — Je parle ici dans l’agonie de mon âme, — puisse ce morceau de terre que tu me confisques — t’être ruineux et fatal ! — Puisses-tu y être égorgé par tes plus chers amis, — ou y être exposé pour l’étonnement des hommes ! — Puisse-t-il t’y arriver malheur, à toi, ou aux tiens ! — Ou puisses-tu y devenir fou pour y finir tes jours maudits !

francklin.

— Silence, amer coquin ! Retiens ta langue envieuse !