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EXTRAIT DE LA CHRONIQUE D’HOLINSHED.

suivant ce chemin, aperçurent la trace des pas constamment marqués devant eux dans la neige ; et ainsi il devint manifeste qu’Arden avait été amené par cette voie de la maison dans le jardin, et du jardin dans le champ où il gisait. Alors le maire et ses collègues se rendirent dans la maison ; connaissant la mauvaise conduite de mistress Arden dans ces derniers temps, ils l’interrogèrent ; mais elle les brava en disant :

— Sachez que je ne suis pas une femme pareille.

Sur ce, on interrogea les domestiques ; pendant l’interrogatoire, on trouva, près de la maison, sur le chemin par lequel le cadavre avait été transporté, une poignée de cheveux ensanglantés ; le couteau qui avait percé le sein de la victime et le linge qui avait servi à essuyer le sang furent également découverts dans le tonneau où ils avaient été jetés. Alors tous les coupables avouèrent les faits, et mistress Arden elle-même, voyant le sang de son mari, s’écria : — Oh ! que le sang du Seigneur me sauve ! car j’ai versé ce sang-là.

Alors ils furent tous arrêtés, et conduits en prison. Le maire et ses adjoints se rendirent immédiatement à la Fleur de Lys, où ils trouvèrent Mosby couché. Et comme ils s’approchaient de lui, ils virent sur son haut de chausses et sur sa bourse des taches du sang de maître Arden. Et, comme Mosby leur demandait pourquoi ils le visitaient de la sorte, ils lui répondirent en lui montrant les taches de sang :

— Voyez ces marques accusatrices, et vous comprendrez pourquoi.

Alors il avoua son crime, et il fut arrêté et mis en prison. Tous les conspirateurs furent ainsi appréhendés, hormis Greene, Blackwill et le peintre. Ces deux derniers disparurent, et l’on n’entendit plus parler d’eux.

Bientôt les assises furent tenues à Feversham, et tous les prisonniers furent jugés et condamnés. Et comme on