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LES APOCRYPHES.

forest, au douzième siècle, Godefroy de Viterbe avait, dans sa Chronique universelle écrite en vers latins, raconté sérieusement cette légende comme faisant partie de l’histoire du troisième Antiochus, lequel vivait deux cents ans avant Jésus-Christ. Le docte récit commençait ainsi :

Filia Seleuci regis stat clara decore,
Matreque defuncta pater arsit in ejus amore :
Res habet efficiam, pressa paella dolet :

Ms. Reg. ils, c. XI.

Presque en même temps, la même fable était publiée en prose latine dans le recueil des Gesta Romanorum dont elle formait le Cent cinquante-quatrième Chapitre. Grâce à l’extrême popularité de ce recueil, elle circula ainsi en mille manuscrits dans toute l’Europe du moyen âge. Bientôt, du bas latin elle fut traduite en romaïque, απο λατενιχης εις Ρωμαὶχην γλωσσαν, dans un opuscule que signale l’helléniste Dufresne. Puis, après la formation des langues modernes, au quinzième et au seizième siècles, elle fut naturalisée en France et en Angleterre par des interprétations successives : en France, par trois versions distinctes : 1o La chronique d’Appollin, Roy de Thyr, in-4o, Genève, sans date ; — 2o La plaisante et agréable histoire d’Apollonius, prince de Tyr et Roy d’Antioche, traduite par Gilles Corozet, in-8o, Paris ; — 3o la Cent dix-huitième histoire tragique de Belleforest, in-12o, Lyon, 1582 ; en Angleterre, par des ouvrages de diverse nature, un récit en vers formant le huitième livre d’un poëme de Gower, Confessio Amantis, et trois narrations en prose signées de compilateurs obscurs, Copland, Howe et Twine, et publiées en 1510, en 1576 et 1607[1].

  1. Kyng Appolyn of Thyre, by Robert Copland (1510) ; — The most excellent, pleasant, and variable historie of the strange adventures of Prince Appollonius, Lucine, his wife, and Tharsa, his daughter, by Wil-