Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 5.djvu/514

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nous en sommes reconnaissants, que Périclès soit arrivé sitôt.

(Gower sort.)


Scène III

Le temple de Diane à Éphèse. Thaïsa est près de l’autel en qualité de grande prêtresse. Une troupe de vierges. Cérimon et autres habitants d’Éphèse.

Entrent Périclès et sa suite, Lysimaque, Hélicanus, Marina et une dame.

Périclès : Salut, Diane ! pour obéir à tes justes commandements, je me déclare ici le roi de Tyr, qui chassé par la peur, de ma patrie, épousai la belle Thaïsa à Pentapolis. Elle mourut sur mer en mettant au monde une fille appelée Marina, qui porte encore ton costume d’argent, ô déesse ! Elle fut élevée à Tharse par Cléon, qui voulut la faire tuer à l’âge de quatorze ans ; mais une bonne étoile l’amena à Mitylène. C’est là que la fortune la fit venir à bord de mon navire, où en rappelant le passé elle se fit connaître pour ma fille.

Thaisa : C’est sa voix, ce sont ces traits… vous êtes, vous êtes… Ô roi Périclès !

(Elle s’évanouit.)

Périclès : Que veut dire cette femme… ? Elle se meurt : au secours !

Cérimon : Noble seigneur, si vous avez dit la vérité aux pieds des autels de Diane, voilà votre femme.

Périclès : Respectable vieillard, cela ne se peut ; je l’ai jetée de mes bras dans la mer.

Cérimon : Sur cette côte même.

Périclès : C’est une vérité.

Cérimon : Regardez cette dame. Elle n’est mourante que de joie. Un matin d’orage, elle fut jetée sur ce rivage : j’ouvris le cercueil, j’y trouvai de riches joyaux, je lui ai rendu la vie et l’ai placée dans le temple de Diane.