Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1862, tome 5.djvu/56

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jugé qu’une telle faute méritait la honte que vous me voyez subir.

Le fou. – L’hiver n’est pas encore passé, si les oies sauvages volent de ce côté. Le père qui porte des haillons Rend ses enfants aveugles ; Mais le père qui porte la bourse Verra ses enfants affectionnés. La Fortune, cette insigne prostituée, Ne tourne jamais sa clef pour le pauvre. De tout cela tu recevras de tes filles autant de douleurs que tu pourrais en compter pendant une année.

Lear. – Oh ! comme la bile se gonfle et monte vers mon cœur ! Hysterica passio ! amertume que je sens s’élever, redescends ; tes éléments sont plus bas – Où est cette fille ?

Kent. – Là-dedans, seigneur, avec le comte.

Lear. – Ne me suivez pas, restez ici.

Il sort.

Le gentilhomme. – N’avez-vous point commis d’autre faute que celle dont vous venez de parler ?

Kent. – Aucune. Mais pourquoi le roi vient-il avec une suite si peu nombreuse ?

Le fou. – Si l’on t’avait mis dans les ceps pour cette question, tu l’aurais bien mérité.

Kent. – Pourquoi, fou ?

Le fou. – Nous t’enverrons à l’école chez la fourmi, pour t’apprendre qu’on ne travaille pas l’hiver – Tous ceux qui suivent la direction de leur nez sont conduits par leurs yeux, excepté les aveugles ; et il n’y a pas un nez sur vingt qui ne puisse sentir ce qui pue – Quand