Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1863, tome 8.djvu/155

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ACTE I, SCÈNE III.


père, au moment où il aurait feint de lui rendre hommage, lui aurait enfoncé son poignard dans le cœur.» LE ROI HENRI.—Traître démesuré ! WOLSEY.—Eh bien, madame, Sa Majesté peut-elle vivre tranquille tant que cet homme sera libre ? CATHERINE.—Que Dieu porte remède à tout ceci ! LE ROI HENRI.—Ce n’est pas tout. Qu’as-tu à dire de plus ? L’INTENDANT.—Après avoir parlé « du duc son père et du poignard,» il s’est mis en posture ; et, une main sur son poignard et l’autre à plat sur son sein, élevant les yeux, il a vomi un horrible serment, dont la teneur était que, si on le maltraitait, il surpasserait son père, autant que l’exécution surpasse un projet indécis. LE ROI HENRI.—Il a vu mettre un terme à son projet d’enfoncer son poignard dans notre sein.—Il est arrêté ; qu’on lui fasse son procès sans délai. S’il peut trouver grâce devant la loi, elle est à lui ; sinon, qu’il n’en attende aucune de nous. C’est, de la tête aux pieds[1], un traître dans toute la force du terme.

(Ils sortent.)

SCÈNE III

Un appartement du palais.
Entrent LE LORD CHAMBELLAN et LE LORD SANDS.

LE CHAMBELLAN.—Est-il possible que la France ait une magie capable de faire tomber les hommes dans de si étranges mystifications ? SANDS.—Les modes nouvelles, fussent-elles le comble du ridicule et même indignes de l’homme, sont toujours suivies. LE CHAMBELLAN.—Autant que je puis voir, tout le pro-

  1. By day and night, paraît être une ancienne expression signifiant de tout point, et répondant à peu près à celle-ci : de la tête aux pieds.