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ACTE II, SCÈNE II.

LE CHAMBELLAN. — Excusez-moi. Le roi m’envoie ailleurs et de plus vous allez voir que vous prenez mal votre moment pour l’interrompre. — Je salue Vos Seigneuries. NORFOLK. — Mille grâces, mon bon lord chambellan.

(Le lord chambellan sort.)
(Norfolk ouvre une portière qui laisse voir le roi assis et lisant d’un air mélancolique.)

SUFFOLK. — Qu’il a l’air sombre ! Sûrement, il est cruellement affecté. LE ROI HENRI. — Qui est là ? Ah ! NORFOLK. — Prions Dieu qu’il ne soit pas fâché. LE ROI HENRI. — Qui donc est là dis-je ? Comment osez-vous vous immiscer dans mes secrètes méditations ? Qui suis-je donc ? Eh ! vraiment… NORFOLK. — Un bon roi, qui pardonne toutes les offenses où la volonté n’a point de part. Ce qui nous fait manquer au respect qui vous est dû, c’est une affaire d’État : nous venons prendre les ordres de Votre Majesté. LE ROI HENRI. — Vous êtes trop hardis. — Retirez-vous : je vous ferai savoir vos heures de travail. Est-ce là le moment de s’occuper des affaires temporelles ? Quoi donc ?… (Entrent Wolsey, et Campeggio.) Qui est là ? Ah ! mon bon lord cardinal ? — O mon cher Wolsey, toi qui remets le calme dans ma conscience malade, tu es fait pour guérir un roi. (À Campeggio.) Vous êtes le bienvenu dans notre royaume, savant et vénérable prélat ; disposez-en ainsi que de nous. — (À Wolsey.) Cher lord, ayez soin qu’on ne me prenne pas pour un donneur de paroles. WOLSEY. — Sire, cela ne peut être. — Je désirerais que Votre Majesté voulût nous accorder seulement une heure d’entretien en particulier. LE ROI HENRI, à Norfolk et à Suffolk. — Nous sommes en affaires : retirez-vous. NORFOLK, à part. — Ce prêtre n’a pas d’orgueil ! SUFFOLK. — Non, cela ne vaut pas la peine d’en parler. — Je ne voudrais pas pour sa place en être aussi malade que lui : mais cela ne peut pas durer.